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17 juillet 2012 2 17 /07 /juillet /2012 14:52

 

Le meilleur régime politique

 


 

Introduction

 

S'il existe des sociétés politiques qui ne possèdent pas d'Etat et qui s'organisent sur le modèle des tribus, la majeure partie des sociétés se dote d'un Etat pour réguler les rapport de la société. Or cette Etat, pour avoir une réelle capacité régulatrice doit pouvoir agir, et à ce titre, il nécessite une organisation précise. On parle dès lors de régime, pour qualifier l'ensemble des institutions, des procédures et des pratiques caractérisant un mode d'organisation et d'exercice du pouvoir. Les différent types de régimes ont été analysés par les philosophes afin de dégager celui qui serait le meilleur. La comparaison introduite par le mot « meilleur » permet de dégager le régime qui convient mieux à une population, mais il est à remarquer qu'il s'agit non pas d'un comparatif mais d'un superlatif. Cela mène aussitôt à considérer celui qui est au dessus de tous les autres, qui l'emporte sur tous par ses qualités. Il est donc question de définir une valeur absolue, un régime qui est bon en lui-même, et dont les qualités internes font de lui le meilleur. Il existe de nombreux classements, qui arrivent à des résultats différents en ayant utilisé des critères variés. C'est cette diversité qui amène à se poser la question du meilleur régime. Cependant, est-il réellement possible de définir une valeur absolue dans la relativité de la politique ? En effet, celle-ci doit par exemple s'adapter à la population qu'elle gouverne. Dès lors, dans quelle mesure peut-on dire que la question du meilleur régime politique, par l'aporie à laquelle elle semble aboutir, n'a de sens que dans son dépassement ? Pour répondre à cette interrogation, nous verrons dans un premier temps la nécessité de définir une méthode de réflexion, qui amène le risque d'une typologie pure et désincarnée, pour ensuite traiter du problème des critères de définition variables, et enfin nous intéresser à l'intérêt de poser la question du meilleur régime « possible ».

 

  1. Le risque d'une critériologie pure

 

1. Se poser la question, ou définir une méthode de réflexion


 

Avant toute chose, il faut que la question se pose réellement. Définir quel est le meilleur régime implique de faire une comparaison et une typologie sans déterminisme, afin de ne pas rendre toute réflexion nulle. De fait l'évidence d'une théologie incarnée dans une monarchie de droit divin n'amène pas les philosophes du Moyen-Âge à se poser la question du meilleur régime, vu que la réponse va d'elle même. De fait quatre points semblent nécessaire pour répondre à la question du meilleur régime. Tout d'abord, il faut que l'on considère qu'il y bien plusieurs manières de gouverner, ensuite que la question ne soit pas réglée d'avance, puis il faut établir un classement, et enfin supposer l'existence d'une hiérarchie. Les deux premiers points paraissent aisés à satisfaire, les deux suivants sont moins évidents. Pour établir un classement, il doit exister un critère de comparaison. Si l'on suit la réflexion de Platon ou d'Aristote, qui sont au commencement de la réflexion sur le meilleur régime, le critère le plus pertinent est le mode d'exercice du pouvoir, réduit à celui principal du nombre de dirigeants. Enfin, la mise en place d'une hiérarchie suppose un autre critère de comparaison, qui varie sensiblement selon les auteurs.


 

2. Oublier le fait politique au nom d'un absolu, entre empirique et idéal (LE meilleur revient à le considérer dans l'absolu)


 

Il existe deux manières de déterminer quels sont les régimes à classer : empirique ou idéale. La manière empirique revient à observer les régimes qui ont effectivement existés dans l'histoire politique, celle idéale revient à considérer de manière théorique les principes qui fondent le régime. Pour cette dernière, on peut s'intéresser à Platon et à la République, ou à Thomas More et l'Utopia. Les deux auteurs ont cherché à créer une société idéale, dont les principes organisateurs permettraient la stabilité du régime, et l'ordre dans la société. Cependant, il s'agit bien là d'utopies, de non-lieux, qui ne peuvent être mis en application. En essayant de définir le meilleur régime, Platon construit une société ex nihilo, sans prendre en compte la difficulté à mettre en place un tel régime. Il s'agit d'une construction théorique qui, bien que parfaite selon les critères de Platon, n'a aucune réalité. Définir un régime absolument bon revient à se détacher de la réalité pour pouvoir mettre en place la perfection. Il s'agit de structures figés (tant de familles pour Thomas More, tant de « castes » pour Platon), qui oblitèrent totalement la réalité mouvante de la politique, qui doit s'adapter à sa population, aux événements, et qui doit agir. La perfection formelle des utopies de Platon ou de More empêche tout changement, toute évolution, et aboutissent à la création d'une typologie des régimes dans laquelle celui qui est qualifié comme meilleur est en réalité totalement impossible parce que détaché du fait politique.


 

3. Le meilleur ou le moins pire, la question de l'efficacité, le régime ou le pouvoir ?

 

 

De fait, l'élection d'un meilleur régime semble impossible, et force à se diriger vers celui qui serait le « moins mauvais ». C'est ce que fait Aristote dans l'Ethique à Nicomaque, lorsqu'il définit la démocratie comme le régime le moins mauvais. Il distingue trois types de régimes : monarchie, aristocratie et république, cependant il n'a aucune préférence pour l'un des trois tant que le but poursuivi est le bien être général. Cependant, en tant que formes idéales qui supposent la totale vertu de celui ou ceux qui gouvernent, elles sont toutes trois impossibles. Elles ont donc des formes perverties, respectivement la tyrannie, l'oligarchie et la démocratie. Or la démocratie évite deux écueils qui font la perte des autres : la sédition et la corruption. Le peuple n'est pas incorruptible, mais seulement moins accessible, et le pouvoir de la masse fera toujours plus de satisfaits que d'insatisfaits. C'est ce qu'exprime la formule de Churchill en 1947 : « la démocratie est le pire des régimes, à l'exception de tous les autres » : elle concentre les défauts d'un régime effectif, mais elle est tout de même apparemment le meilleur régime. On voit donc que le principe qui permet de trancher n'est pas le meilleur régime dans l'absolu, mais la meilleure façon de constituer un régime vertueux. Cependant, il s'agit toujours là d'une construction théorique, et qui plus est d'un choix par défaut du régime le moins mauvais. Ne peut-on pas espérer meilleur résultat par l'observation des régimes empiriques ?

 

 

  1. Expliquer ses critères, ou un investissement stratégique de la définition

 

1. Le problème de la définition des critères : le bien public, c'est quoi ?


 

L'existence d'un meilleur régime dans le sens d'un régime à la valeur absolue ne peut constituer qu'une construction mentale, il faut donc examiner ce qui fait la valeur d'un régime ayant effectivement existé. L'organisation formelle qui définit un régime politique doit être jugée avec un critère de valeur autre que l'organisation en elle-même. Il s'agit de savoir au nom de quoi le pouvoir est exercé. La définition générale de la politique veut qu'elle soit l'art de régler les rapports entre les hommes au nom du bien public. Il peut être intéressant de se référer aux théories contractualistes de Hobbes et de Locke. Du fait du passage d'un contrat entre les individus et le gouvernement, on comprend ce qui constitue le bien public pour les populations. Dans le Léviathan, Hobbes décrit des individus comme désirant avant tout l'ordre et la sécurité, pour ne pas risquer de mourir à tout instant. De fait, il faut alors un régime fort, puissant et ayant la capacité de contraindre : une monarchie. Il s'agit là du régime défendu par le philosophe, qui estime que la stabilité fournie par la monarchie répond au désir de stabilité du peule, qui peut être considéré comme le bien public. Mais se pose un problème dès que l'on se tourne vers Locke qui, dans le Traité du gouvernement civil, définit les besoins du peuple comme étant l'ordre et la sécurité, certes, mais aussi la garantie des biens privés et des libertés individuelles. Dès lors, le régime ne doit pas être contraignant et doit avoir des limites à son pouvoir : il s'agit donc plutôt d'une république. De fait, selon le contenu qui va être donné au bien public, un régime va s'organiser pour répondre le mieux à ce besoin. En un sens, chaque régime est potentiellement le meilleur pour appliquer la définition du « bien public » qu'il donne.

 

 

2. L'intérêt partisan, ou la déf du meilleur rég intéressée


 

Cependant, suivre cette définition du meilleur régime comme répondant le mieux à sa définition du bien public revient peut-être à faire preuve d'un trop grand relativisme, en effet si tout régime peut suivre la définition du bien public qu'il donne, cette dernière peut ne pas être bonne pour le peuple, ou tout simplement être intéressée. Il est possible que le meilleur régime soit défini par celui ou ceux qui vont le mettre en place. Ainsi, les nobles florentins du XVe soutiennent qu'il faut un régime mixte avec un sénat réservé aux puissants parce qu'ils veulent plus de pouvoir, le chef de guerre cherche à affirmer la monarchie comme meilleur régime parce qu'il veut régner seul (cf les condottieres italiens de la Renaissance ou les monarques français), et les révolutionnaires français veulent une démocratie parce qu'elle leur permet de participer à l'exercice des lumières. De fait, le meilleur régime est toujours différent selon les facteurs spatio-temporels, il ne peut donc être défini dans l'absolu. Cela ramène à l'idée exposée par Spinoza, celle de « l'évolution des lumières ».

 

 

3. Le mouvement d'évolution des lumières


 

Bien loin des intérêts individuels qui peuvent être investis dans la définition du meilleur régime, Spinoza explique dans le Traité politique, que chaque régime possède sa légitimité. En effet, dans la lignée de Machiavel, il exprime que lois et mœurs forment un couple inséparable : il n'y a pas de bonne lois sans bonne mœurs, ni de bonne mœurs sans bonne lois. Dans la réalité spacio-temporelle, les mœurs peuvent varier, et elles s'incarnent donc dans des lois dont la forme peut être différente. L'appareil du droit peut se constituer différemment selon les régimes, et selon les besoins de la population. De fait, chaque mesure, chaque loi ou chaque type de régime a une légitimité dans son temps parce qu'elle répond à des facteurs précis de la société dans laquelle il s'établit. Mais Spinoza n'en reste pas à ce simple constat : selon lui, si chaque régime possède sa légitimité, il faut cependant les interpréter en fonction du mouvement de l'évolution des lumières. Il s'agit du principe selon lequel les hommes accèdent toujours davantage à l'intelligence de leur situation, qu'ils saisissent toujours mieux ce qui leur est dû en tant qu'hommes. De fait, la typologie des régime doit être dynamique, elle doit pouvoir évoluer et s'adapter, car un classement immuable se désincarne de la réalité politique. Cette actualisation constante montre bien la nécessité de s'ancrer dans le réel pour considérer le meilleur régime, sans pour autant en donner une définition subjective ou intéressée. La typologie absolue et idéale a montré ses limites, ainsi que celle qui se fonde sur l'histoire, du fait de sa partialité et de son évolution constante. Pour éviter l'aporie, il semble donc nécessaire d'introduire une nuance, et de chercher à définir le meilleur régime « possible ».

 

 

  1. Le meilleur régime « possible »

 

1. Le problème du décalage entre ce qui devrait être et ce qui est

 

 

Si les utopies politiques semblent être les archétypes du meilleur régime, parce que pensées pour l'être, le problème est celui de leur application. La politique pose le problème du décalage entre ce qui devrait être et ce qui est effectivement. Or la mise en place du meilleur régime se heurte à ce décalage. Les régimes idéaux comme ceux décrits dans les utopies politiques de la Républiqueou de l'Utopia sont impossible parce qu'ils ne prennent pas en compte la nécessité de l'action politique, ni la réalité mouvante de l'homme et de « l'évolution des lumières ». Aristote lui-même l'exprime : « On doit en effet examiner non seulement le régime politique le meilleur, mais encore celui qui est simplement possible ». Le régime politique doit prendre en compte la réalité politique de la société dans laquelle il est appliqué, et ce quelle qu'elle soit, sans pour autant se laisser totalement dicter par elle. Tout comme le droit, le régime politique doit trouver l'équilibre entre la norme (les formes définies telle que la monarchie...) et l'adaptation aux réalités effectives de la politique, comme l'évolution des mentalités, des mœurs... Il doit ainsi fournir un cadre dans lequel l'action politique soit permise, et possible.

 

 

2. L'intérêt de la question : le dépassement dans le choix effectif, du régime formel à la réelle organisation des pouvoirs


 

Dans ce cadre, la question fondamentale devient celle de l'organisation des pouvoirs : le meilleur moyen d'éviter la corruption d'un régime est d'éviter que les pouvoirs soient concentrés dans une même fonction. Pour ce faire, on peut se référer à Montesquieu qui dans son ouvrage De l'esprit des lois, explique la nécessité de séparer les trois pouvoirs, que sont le législatif, l'exécutif et le judiciaire. Cette répartition des trois pouvoirs dans trois fonctions différentes (en France l'assemblée nationale, le président et ses ministres, et les juges) permet qu'aucune d'entre elles n'essaie d'empiéter sur les autres, et permet ainsi une stabilité et la vertu du régime, qui ne risque pas de dégénérer en tyrannie. Par là même, la question formelle du régime n'a plus grande importance, preuve en est qu'une monarchie constitutionnelle peut être aussi bonne qu'une démocratie, si elle respecte le même principe de séparation des pouvoirs. Le régime qu'un Etat se donne pour titre peut être totalement factice, en témoignent les démocraties populaires, alors que la répartition des pouvoirs permet de montrer qui exerce réellement le pouvoir, et donc qui possède la souveraineté.

 

 

2. L'idée moderne du peuple souverain


 

Selon Spinoza, toujours dans le Traité politique, l'approche « morphologique » masque le vrai problème posé aux hommes par la politique, à savoir celui de la nature, de la forme et des limites de la souveraineté. Selon le philosophe hollandais, la souveraineté authentique n'est autre que la puissance de la multitude. En ce sens, il a posé les principes de la philosophie politique moderne, vu que le peuple est devenu l'origine de la souveraineté et de la légitimité du pouvoir. Les théories du contrat social, et notamment celle de Rousseau pour qui une peuple se fait peuple par l'action du contrat, estiment que le peuple est au fondement de la politique. De fait, ce dernier a donc le droit de définir le statut, et surtout l'identité de ceux qui le gouvernent. Ainsi, la question du meilleur régime politique cache plutôt celle de savoir au nom de qui le pouvoir est exercé. Là encore, une monarchie pourra toujours être formellement meilleure qu'une démocratie si le pouvoir est exercé au nom du peuple. La reine d'Angleterre Élisabeth II exprimait elle même lors de son sacre qu'elle n'était que le « sujet de son peuple ».


 

Conclusion


 

La question du meilleur régime politique soumet à un double danger : celui de perdre totalement de vue le fait politique au nom d'une typologie idéale, ou laisser ce classement se transformer en un outil d'une stratégie politique par une trop grande relativisation. Cependant, cette question reste fondamentale par la comparaison qu'elle oblige à faire, puis dans le choix qu'elle amène à opérer entre diverses formes de pouvoir. En effet, ce choix ne peut avoir un sens que s'il explique ses propres critères. Or le critère purement formel ne suffit pas, il faut se demander au nom de qui, et comment le pouvoir est exercé. Ces deux questions induites par celles du meilleur régime politique amènent à penser, à la suite d'Aristote, que les régimes se valent formellement tant qu'ils sont exercés en vue du bien public, c'est à dire en un sens (et c'est ce que le philosophe grec ne pouvait pas encore penser) par et pour le peuple. En effet, cela induit le respect des libertés du peuple par la séparation des trois pouvoirs, et le respect de la souveraineté populaire. De fait, la question du meilleur régime politique est un commencement nécessaire, mais nécessairement dépassé de la pensée politique.

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17 juillet 2012 2 17 /07 /juillet /2012 14:43

 

Phèdre, Acte IV sc 2, vers 1087 à 1113

 


Hippolyte

 

"D'un mensonge si noir justement irrité,
je devrais faire ici parler la vérité,
Seigneur; mais je supprime un secret qui vous touche.
Approuvez le respect qui me ferme la bouche,
et sans vouloir vous même augmenter vos ennuis,
examinez ma vie, et songez qui je suis.
Quelques crimes toujours précèdent les grands crimes.
Quiconque a pu franchir les bornes légitimes
peut violer enfin les droits les plus sacrés;
ainsi que la vertu, le crime a ses degrès,
et jamais on n'a vu la timide innocence
passer subitement à l'extrême licence.
Un jour seul ne fait point d'un mortel vertueux
un perfide assassin, un lâche incestueux.
Elevé dans le sein d'une chaste héroïne,
je n'ai point son sang démenti l'origine.
Pitthée, estimé sage entre tous les humains,
daigna m'instruire encore au sortir de ses mains .
Je ne veux point me peindre avec trop d'avantage;
mais si quelque vertu m'est tombée en partage,
Seigneur, je crois surtout avoir fait éclater
la haine des forfaits qu'on ose m'imputer.
C'est par là qu'Hippolyte est connu dans la Grèce.
J'ai poussé la vertu jusques à la rudesse.
On sait de mes chagrins l'inflexible rigueur.
Le jour n'est pas plus pur que le fond de mon coeur.
Et l'on veut qu'Hippolyte épris d'un feu profane..."

 

 

Introduction


 

Thésée est rentré et son fils, au courant de l'amour que lui porte Phèdre, lui a dit son désir de partir pour s'illustrer par les mêmes actions que lui. Il s'agit cependant d'un désir de fuir Phèdre. Avant cela, Hippolyte veut néanmoins parler à son père de son amour pour Aricie, amour interdit par Thésée. C'est pour cela qu'Hippolyte viens au devant de son père, alors même que celui-ci a été « instruit » par Oenone à la scène précédente et donc le croit coupable d'un amour incestueux pour Phèdre. Le père tant révéré va ainsi jusqu'à maudire son fils, en le comparant aux monstres que celui-ci veut terrasser, et annonçant par avance la sentence, sans laisser à l'accusé le temps de se défendre. C'est la dernière fois qu'Hippolyte paraît devant son père, ce qui donne des allures de jugement dernier à la scène, où Thésée, le Père, fait office de Dieu.

Projet : En quoi l'argumentation qu'emploie Hippolyte pour sa défense se construit-elle comme l'examen d'une âme lors du jugement dernier ?

Mouvement du texte : Premier temps, vers 1087 à 1092, où le fils s'adresse à son père, qu'on pourrait voir comme le Père avec un grand P, mais ou paradoxalement, il refuse la confession. Deuxième temps, vers 1093 à 1100, Hippolyte utilise une argumentation construite et rhétorique pour convaincre son père de sa bonne foi. Troisième temps, vers 1101 à 1113, l'examen de l'âme à proprement parler, un retour sur sa vie pour en faire un argument d'autorité.


 

I. Refuser la parole au confesseur.

 

 

Lors du jugement dernier, tout homme doit se confesser, pour que l'âme puisse être jugée, et absoute ou non. Or c'est précisément ce qu'Hippolyte refuse de faire. Et cela au nom d'un commandement plus grand, plus haut, à savoir « Tu honorera ton père et ta mère ». Preuve de son respect, il vouvoie son père, qui lui tutoie son fils. (Pas forcément naturel, Agrippine vouvoie bien Néron dans Britannicus !) Il réprime sa colère, qui est l'un des sept pêchés capitaux, et réprime aussi sa propre parole. Il ne calomniera pas, ne dénoncera pas, et ce malgré le « noir mensonge » (réprimé par le 8e commandement, « tu ne mentira point » ), qui l'accable. Il a tout d'un innocent, lui qui se présente en réprimant ses propres pêchés et en subissant ceux des autres, lui qui implore son « Seigneur », mot qui est mis en valeur par le rejet et la coupure rythmique habituelle ( 2/4/3/3). Il se tait donc au nom de son dieu (cf vers 1091), il implore la clémence du Père par de nombreuses supplications (Approuvez, Examinez, Songez). Il veut jeter le manteau de Noé sur cette histoire.


Selon Hippolyte, le secret doit être tu, or on ne peut ni ne doit cacher la vérité. Le secret « touche » Thésée parce qu'il le concerne, bien sûr, mais aussi parce qu'il pourrait le blesser, ce que son fils souligne au vers 1091. Pour ne pas écorcher l'image de son père, Hippolyte le fait passer avant toute chose, et avant même sa propre vie, bien qu'il essaie tout de même de se défendre. La césure à l'hémistiche du vers 1092 montre bien les deux supplications qui commence le jugement d'Hippolyte, seul moment où celui-ci pourra parler aussi longtemps face à son père-juge. Et ce jugement commence justement parce que le jeune homme refuse de confesser la faute de Phèdre, refuse de contre-dire, de dé-dire les mensonges d'Oenone, vu que toute parole est inexorable. Une fois la confession refusée, Hippolyte essaie de recourir à une argumentation raisonnée et logique, mais qui ne peut atteindre un père bien loin de la raison.


 

II. Raisonner ou mourir ?

 

 

Dans tout le second temps, Hippolyte a recours au présent gnomique, pour assurer la vérité et la pertinence de son propos. Dans ces huit vers, le jeune homme va reformuler 4 fois la même idée, un peu comme il le fait lorsqu'il appuie les mots « époux(se) », « mère » ou « hymen » alors que Phèdre va lui révéler son amour dans la scène 5 de l'acte II. Il déploie ici toute son éloquence dans une sorte d'anaphore camouflée, pour essayer de se défendre, tout en posant les jalons de son accusation future (l'argument des précédents familiaux de Phèdre). Il enchaîne ce que l'on pourrait qualifier de syllogismes ou même de maximes pour convaincre son père. On remarque un mouvement interne du général vers le particulier, ainsi qu'une coupure des vers avec 1 vers pour un argument, puis 2, puis à nouveau 1, et enfin 2 et 2, ce qui aura tendance à appuyer le balancement incessant entre bien et mal.


Le premier alexandrin est très long, il pose le principe le plus général en reprenant 2 fois le mot « crime », qui est d'ailleurs pris à son sens les plus général de « le crime ». On passe ensuite à « Quiconque », ce qui est déjà un rapprochement, puisqu'il ne s'agit plus dès lors que d'une idée mais aussi d'hommes. On pourrait presque couper le vers rythmiquement en (2/4/6), si on isole « les bornes légitimes » comme une unité rythmique, ce qui oppose un élargissement au mouvement de rapprochement initié dans l'argumentation. Les mots à la rime, « crime » et « légitime », créent une opposition en deux temps, un balancement antithétique qui se retrouve à chaque fois Nouvelle opposition binaire dans le vers suivant, avec une césure très marquée par la virgule, qui elle-même permet de rapprocher vertu et crime pour former un oxymore, alors que paradoxalement, il s'agit dans ce vers d'une comparaison. Le rapprochement de ces termes opposés permet de mieux faire ressortir leur différence. Du crime comme idée, on passe à l'opposition crime/vertu, pr aller à LA « timide innocence » et L'« extrême licence ». A nouveau deux mots antithétiques qui se lient par la mise à la rime. Et enfin, c'est UN jour, UN mortel, UN et UN ( un jour, clin d'oeil à l'unité de temps?), donc resserrement final. C'est également la dernière antithèse avec les mots à la rime. En plus du mouvement rythmique ascendant, un autre mouvement du même type se retrouve par le passage de rimes suffisantes, à deux sons, à des rimes riches, à trois sons. Cela permet de donner un contre point au resserrement effectué dans l'argumentation, et donc de donner un équilibre formel . à ce passage.


Cependant, cette démonstration de raison et de logique n'est pas suffisante pour sauver Hippolyte, et il le sait. Car Dieu ne se satisfait pas de la raison, pourtant une des plus grande qualités de l'homme, pour juger le hommes, il lui faut directement accéder à leur âme, et c'est ainsi qu'Hippolyte va faire appel à sa vie exemplaire, à son âme exempte de péché, pour tenter d'obtenir son salut.

 

 

III. L'examen d'une vie

 

 

Il va partir du tout début de sa vie, examiner tous les éléments qui jouent en sa faveur. Respect d'une vie du bon chrétien. Tout d'abord il commence par l'enfance, l'âge des innocents, il évoque son ascendance. Pour sa mère, il utilise une périphrase intéressante par la présence de « chaste », qui est un élément important dans la pensée janséniste. Chaste parce qu'elle était une Amazone, et que les amazones ne recourraient au sexe que pour perpétuer l'existence de leur peuple. Et héroïne parce qu'elle était la reine, et non pas une amazone quelconque. Par là il rappelle à Thésée sa grandeur de héros qui a su dompter une telle femme. On trouve ensuite l'argument du sang, qui est très important pour Hippolyte, vu que deux scènes plus tôt, acte III scène 6, il disait de Phèdre « Quel funeste poison / L'amour a répandu sur toute sa maison ! », et dans la scène étudiée, quelques répliques plus loin, il retourne son argument contre Phèdre en disant « Cependant Phèdre sort d'une mère, / Phèdre est d'un sang, »... Use les mêmes arguments ! Preuve pour Hippolyte de la fatalité, on ne peut aller contre ses origines. Cf l'importance des tribus et des familles dans la Bible. Rappel ensuite qu'on ne peut pas dé-mentir, dé-dire. Hippolyte est celui qui respecte la parole, le Verbe avec un grand V, et même quand il est mis en accusation → c'est ce qui lie son argumentation. De même, il met en valeur les mots héroïne et origine en les mettant à la rime, pour mieux les appuyer. Dans les vers suivants, il met en avant son éducation, en nommant directement son précepteur, qui n'est autre que le grand père de Thésée. Pitthée est celui qui a d'abord élevé Thésée, puis son fils après lui. Son nom est mis en valeur par la coupure rythmique (vers en 2/4/3/3), ce qui rappelle le rythme du vers 1089 où Hippolyte parlait de Thésée en le nommant Seigneur. Par là même le fils admiratif effectue un rapprochement entre les deux grands hommes. Hippolyte use donc ici d'un argument d'autorité vu que Pitthée, en plus d'être dans la lignée de Thésée, est « estimé sage entre tous les humains », de qui le jeune homme a reçu son enseignement. Les valeurs ont donc été transmises d'une lignée vertueuse, et Hippolyte ne peut pas être devenu un monstre avec de tels précédents.


C'est avec une prétérition qu'Hippolyte passe à un examen de sa vie propre, et non plus de la partie mise sous tutelle. Ce ne sont plus ses ancêtres qui gagent de sa vertu, mais ses propres actes, qu'il va s'employer à mettre en valeur. Dans les vers 1105-06, il commence par une sorte de fausse modestie qui lui permet de bien montrer qu'il est celui qui est vertueux. Peut-être fait-il ici référence au mythe d'Epiméthée, frère de Prométhée, à qui ce dernier avait confié la tâche de répartir, de « partager » entre les différentes espèces un certain nombre d'attributs. L'homme ayant le feu et l'intelligence, Hippolyte aurait eu en plus dans ce partage l'apanage de la vertu, qu'il s'emploie à montrer. Une fois encore, on assiste à une rupture rythmique avec une mise en valeur du nom de « Seigneur » que le fils donne à son père, avec un 2/4/3/3 désormais habituel dans la bouche du jeune homme. Or ici, l'adresse à Thésée permet de bien mettre en avant la suite du vers, à savoir l'éclat avec lequel il a su illustrer son exercice de la vertu. Par là il oppose son comportement à celui de Phèdre, qui est pourtant la lumineuse, et qui ne fait que se cacher au monde, se terrer dans l'ombre. L'innocent n'a pas peur d'étaler son innocence et sa vertu, et c'est peut-être justement cela qui va le conduire à sa perte. On remarque tout de même l'emploi du pronom indéfini « on » dans le segment « les forfaits qu'on ose m'imputer. » Ici encore, Hippolyte va se refuser à nommer Phèdre ou Oenone, pour substituer aux deux femmes qu'il sait coupables l'indéfinition du « on ».


Jusque là, Hippolyte ne montre aucune faiblesse face à son jugement, il sait montrer la vertu de son âme, mais par la suite il va commencer à faillir en faisant preuve d’orgueil, ou d'hybris, dirait-on chez les grecs. Or l'orgueil est l'un des sept pêchés capitaux et à ce titre mérite punition. Racine introduit dans la réplique l'once de culpabilité nécessaire pour que le sacrifice d'Hippolyte ne soit pas totalement insoutenable. Le jeune homme se qualifie en effet de « connu dans la Grèce », lui qui a su amener la vertu à son paroxysme, jusqu'à l'insensibilité et la « rudesse ». De même, il parle de lui à la troisième personne, ce qui reste assez présomptueux, malgré le fait qu'il s'agisse d'un procédé présent dans la pièce de Racine. Il se présente donc comme celui qui a su aller plus loin que tous les autres hommes. Dans le vers suivant, il utilise à nouveau le pronom indéfini, non cette fois pour taire un nom, mais plutôt pour stipuler justement que tous le savent, qu'on ne peut nommer une personne précisément. Hippolyte se décrit comme celui qui est « inflexible », sans faille, et à ce titre il s'extrait du commun des mortels, faibles et faillibles, lui seul étant capable du rigueur, mot qu'il met à la rime. Le vers suivant est l'un des plus célèbres de la pièce, uniquement composé de monosyllabes, et au rythme parfait de 3/3/3/3. En plaçant le mot de pur à la césure, et le mot cœur à la rime, le jeune homme les rapproche et signifie une fois de plus sa grandeur d'âme à son père. Cependant, sa comparaison est peut-être un peu trop ambitieuse, vu qu'il se met sur le même plan, voire au dessus du jour, et donc de la lumière. A remarquer ici une autre opposition implicite à Phèdre, dont le cœur est loin d'être pur, lui qui est empli d'une flamme noire. Le dernier vers de son argumentation, de sa Défense et illustration de la pureté de son âme, se retourne enfin vers l'accusation, vu qu'il s'apprête à non plus seulement se servir de sa propre image comme moyen d'absolution, mais il veut répondre à ceux qui le calomnient, et que pourtant il ne nommera une fois de plus pas, cf l'indéfini. Sa colère s'exprime par le deuxième recours qu'il fait à la troisième personne pour parler de lui, montrant à quel point il est offusqué de telles accusations. Enfin, la tirade se termine par la mise en valeur du mot « profane », qu'Hippolyte accepte enfin de prononcer, prononcer cette faute qu'on lui impute. Cependant, les points de suspension montrent bien que Thésée ne le laisse pas terminer sa défense, interrompant le plaidoyer d'Hippolyte pour son jugement dernier.


 

Conclusion

 

 

De fait, il s'agit là d'un plaidoyer inutile, la sentence est déjà prononcée avant même que celui dont l'âme est jugée ne puisse implorer le pardon ou justifier sa prétendue faute. Thésée ne le croit pas, tout d'abord parce que pour lui aucun homme ne peut s'exempter du péché, et ce selon la doctrine janséniste que Racine applique. On pourrait en plus objecter qu'Hippolyte a commis un péché, celui d'orgueil, lui qui s'est dépeint comme le plus vertueux, et qui l'affiche sans retenue. De plus, bien que le jeune homme ait évité par tous les moyens de tomber dans le vice, bien qu'il ait défendu sa cause avec éloquence, la grâce n'est pas quelque chose qui s'obtient. Le fait que la malédiction de Thésée soit placée avant l'examen de la vie d'Hippolyte en est une preuve éclatante : aucune de nos actions, aucune hérédité d'une lignée exemplaire ne peut sauver celui qui a été condamné par Dieu. Si Hippolyte a le droit de parler pour son jugement dernier, il ne peut infléchir le destin, ni comprendre les voies de Dieu, qui restent impénétrables. Il ne peut qu'accepter son sort, ce qu'il fera à sa mort en n'accusant pas Thésée, image du Père. En bon chrétien, il acceptera son jugement, qui est déjà ici prononcé.

 

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17 juillet 2012 2 17 /07 /juillet /2012 14:18
Mai

Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
Des dames regardaient du haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque s'éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains

 

Or des vergers fleuris se figeaient en arrière
Les pétales tombés des cerisiers de mai
Sont les ongles de celle que j'ai tant aimée
Les pétales flétris sont comme ses paupières

 

Sur le chemin du bord du fleuve lentement
Un ours un singe un chien menés par des tziganes
Suivaient une roulotte traînée par un âne
Tandis que s'éloignait dans les vignes rhénanes
Sur un fifre lointain un air de régiment

 

Le mai le joli mai a paré les ruines
De lierre de vigne vierge et de rosiers
Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes

 

Apollinaire, Alcools

 

 

Alcools, « Mai »

 

 

Introduction

 

Poème du recueil Alcools, « Mai » fait partie de la section « Rhénanes », textes qu'Apollinaire a composé lors de son séjour au bord du Rhin. Alcools: recueil de poèmes écrit par Apollinaire. Mis en forme pendant près de 15 ans, se présente comme une sorte de carnet de bords des productions poétiques d'Apollinaire, faussement chronologique. (ex : Zone : premier alors que vraisemblablement écrit en dernier) Publié en 1913. Empreint d'une certains modernité faite d'avant-gardes. = baigné dans son époque.

Deuxième poème des « Rhénanes », « Mai » n'en suit pas la structure, même s'il en suit les thèmes principaux. En effet, on retrouve l'évocation de femmes au bord du Rhin, probable allusion à Annie Playden, dont il était amoureux. Le Rhin est pour le poète un fleuve chargé d'images et fécond en légendes, telle celle de la Loreley, qu'Apollinaire reprendra pour l'un de ses poèmes.

Souvenir d'un amour perdu, le poème aux accents printaniers chante la tristesse de l'absence et du temps qui passe...

Projet de lecture : Appui sur la tradition poétique et l'absence au monde pour donner une nouvelle définition de la poésie.

 

Structure en trois temps :

  • les deux premiers quatrains, où le poète semble chanter ses amours perdus

  • troisième strophe, un quintil qui offre une scène étrange de cirque itinérant

  • dernier quatrain, tableau désincarné (le poète n'apparaît plus) d'une nature qui semble avoir repris ses droits

 

  1. Les deux premiers quatrains, chanson d'un amour perdu

 

A.  Chanson populaire


 

Comme une chanson au titre de printemps et de renouveau, du fait du commencement de la strophe par une répétition « le mai le joli mai », de plus, jeu de mot facile sur « en barque » / « embarque », qui semble annoncer une ritournelle populaire sur un sujet des plus habituels, l'amour : « Des dames », « jolies ». Mais c'est là un amour perdu, comme le montre le verbe à l'imparfait, et les mots à la rime qui montre bien que la montagne où sont ces dames est en train de s'éloigner.

 

B. Thème de la nature qui s'installe


Dans les deux vers suivants, le poète installe l'environnement naturel qui donne son cadre au poème. Mais c'est un environnement très anthropomorphisé, voire qui s'identifie carrément au poète. Preuve en est que les saules en pleurent, ce qui est un jeu de mot sur le saule pleureur, mais ici, c'est la responsabilité de quelqu'un, et on devine aisément que c'est la femme aimée qui est à l'origine des larmes des « saules riverains ». Là encore, avec les « vergers fleuris », on sent la références aux dames qui regardaient d'en haut, la métaphore étant usuelle cf Proust, A l'ombre des jeunes filles en fleur. Mais ces vergers sont figés et immobiles, ce qui pourrait faire penser à un refus d'aller de l'avant en amour.

 

C. Un blason bien étrange

 

Lorsque Apollinaire parle des « cerisiers de mai », le lecteur s'attend à une comparaison aux femmes (comme le fait pressentir le verger fleuri), tel un petit blason inséré dans le poème. Même si la femme est bel et bien comparée à un des pétales, ce sont des pétales « tombés » ou « flétris », ce qui peut sembler un étrange compliment. Comparer « celle qu['on a] tant aimée » à des pétales de fleur n'est pas une nouveauté. Mais ici Apollinaire fait preuve d'une originalité certaine en montrant la flétrissure des paupières de la femme aimée, peut-être comme un moyen de s'en détacher, une sorte de memento mori à la manière de Ronsard « Mignonne, allons voir si la rose... ». De même, les adverbes intensifs « si » et « tant » montrent bien la dimension lyrique d'un narrateur qui pleure ses amours. Et les rimes embrassées qui parcourent le poème semblent particulièrement prendre leur sens ici comme le lointain souvenir d'une embrassade qu'il ne peut plus obtenir.

 

Transition : Apollinaire semble donc ici reprendre la tradition qu'il s'approprie et nous donne à voir d'une manière toute nouvelle, chose qui ne va pas être le cas pour la 3e strophe.

 

  1. Cirques et Saltimbanques

 

A. Effacement et départ, un amour perdu qui semble aller vers la perte de tout

 

La troisième strophe poursuit le mouvement d'éloignement qu'avait déjà esquissé la barque qui « s'éloigne ». Tout dans ce quintil est départ, passage et mouvement. Les mots ne manquent pas pour le signifier : les tziganes sont « sur le chemin », ils « s'éloign[ent] » des vignes rhénanes, et le fifre est « lointain ». Tout passe et disparaît, tout comme un amour qui s'efface. Mais ici, le poète ne parle même plus de la femme aimée, il n'y a plus de comparaisons, et l'absence même d'adjectif qualificatif montre bien la pauvreté extrême de la scène. Il n'y a plus rien, tout est vide et ne peut être rempli, même par l'accumulation des animaux du vers 2. De plus, on ne retrouve plus aucune trace du poète-narrateur, qui semble avoir totalement disparu, au profit des « tziganes »

 

B. Tziganes et animaux, les figures de l'entre-deux

 

Les animaux semblent être ceux d'un cirque, tout comme les tziganes évoquent la musique, la danse et la joie des fêtes populaires. Mais il n'est rien ce cela ici. Le thème des bohémiens, qui traverse l'oeuvre d'Apollinaire à travers des poèmes comme « Les cloches », 4e poème des Rhénanes, qui reprend dans son premier vers l'allure de chanson populaire que nous avons mis en valeur dans la première strophe, ou un autre comme « Crépuscule », qui brosse un tableau plus sombre. Ces images ne vont pas sans rappeler les saltimbanques aux figures éteintes de Picasso, qu'Apollinaire a fréquenté. Et ces tziganes, associés à la roulotte et au départ, sont la figure du marginal, du non lieu, et en un sens un peu du poète. Présents dans la société qu'ils amusent avec leurs animaux ( « un ours un singe un chien » ), ils n'en font pas vraiment partie, vu qu'ils sont obligés de s'en éloigner. Le poète est lui aussi un présent/absent de la société.

 

C. La lenteur d'une scène qui n'avance pas

 

Mais cette scène de départ est bien étrange. Les verbes sont à l'imparfait de description, ce qui semble figer l'image, et donner une impression de lenteur infinie que le poète affirme lui même en mettant le mot « lentement » à la rime. De même cette strophe est le seul quintil du poème, il rompt le rythme des quatrains en imposant une strophe plus longue, semblant vouloir montrer la lente avancée de l'âne qui ne tire pas, mais bien qui « traîne » la roulotte. La difficulté qu'évoque le verbe « traîner » accentue la lenteur de la scène que le poète décrit dans une longue période, une seule phrase qui traverse la strophe. En effet, malgré l'absence de ponctuation caractéristique d'Apollinaire, la construction des vers semble prouver que le quintil n'est en effet qu'une seule et même phrase, dont le verbe principal est placé au centre de la strophe. L'enchaînement des compléments circonstanciels et des propositions amène une certaine lourdeur à la scène, de même que le parallélisme de construction entre les premiers et derniers vers de la strophe semblent enfermer le tableau dans un hiératisme forcé.

 

Transition : On se retrouve donc face à une scène totalement désincarnée, où le poète n'apparaît plus directement. Mais le thèmes du tzigane, que l'on pourrait associer au poète, qui oscille entre présence et absence, donne une autre interprétation possible à une scène de départ figé. En effet, si le poète est dans un entre-deux-mondes (absence et présence), son cirque qui n'est autre que la poésie se doit d'être comme lui, à la fois présente et absente, figée et mouvante.

 

  1. Entre nature et poésie

 

A. La lecture d'un amour disparu

 

La reprise des premiers mots du premier vers fait ressortir l'idée d'une ritournelle triste ou la mélancolie a pris la place de la joie, et où le mois de mai, mois de la renaissance et du printemps, loin de faire renaître les amours, n'est que celui qui panse les plaies en parant « les ruines » de cet amour disparu. On peut cependant retrouver l'évocation de la femme lorsque le poète parle de vigne « vierge » ou de fleurs « nues ». Les trois plantes grimpantes qu'évoquent le poète montrent bien qu'il ne s'agit pas de supprimer les restes d'un amour éteint, mais bien de le recouvrir, le parer pour qu'il ne soit plus autant douloureux, mais idéalisé et pour que la mélancolie se change en simple nostalgie. De même, on observe une harmonie imitative sur les deux derniers vers qui semble nous montrer que le vent qui souffle emporte avec lui les sentiments restant. Ainsi, il se forme un tableau romantique qu'Apollinaire semble exploiter pour parler du mal de vivre propre à cette époque, en le ramenant à sa propre peine d'amoureux déçu. Cependant, l'absence totale de marques de la présence du poète-narrateur amène à un second degré d'interprétation dans la lignée de la troisième strophe

 

B. Qui laisse place à une définition de la poésie

 

On l'a déjà vu, la poésie serait, selon la troisième strophe, jeu entre présence et absence, jeu entre les opposés. L'attachement d'Apollinaire à la tradition est présent plusieurs fois dans le poème, c'est pour cela qu'on pourrait rattacher cette tradition aux « ruines ». Or ces ruines (qu'il faut donc en partie démolir, certes, mais également en partie conserver), sont parés par le « joli mois de mai ». Dès lors, le symbole de renouveau devient renouveau poétique, changement des codes et des techniques, ce que nous appelons aujourd'hui modernité. Le « vent du Rhin » ainsi que son harmonie imitative deviendraient alors le vent de nouveauté qui souffle sur la poésie.

 

Conclusion

 

Le poème d'Apollinaire semble donc prendre appui sur la tradition du poème d'amour pour pouvoir asséner ses conceptions de la poésie nouvelle, qu'il met par là même en application. Là où le poète-amoureux s'efface, le bien plus discret poète-théoricien, en quelque sorte, apparaît pour nous montrer que la poésie est celle qui rassemble les opposés, tout en s'appuyant sur la tradition, qu'elle investit de ses propres manières de faire. Enfin, en se fondant sur les trois premières strophes, il semblerait que la poésie soit celle de l'absence, dans le sens où l'objet qui lui permet de s'élever vers le lyrisme est celui qui n'est pas là, que l'on a perdu, ou que l'on doit quitter. En ce sens, Apollinaire semble vérifier l'adage populaire qui dit qu'on « ne se rend compte de la valeur des choses que lorsqu'on les a perdues »

 

 

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16 juin 2011 4 16 /06 /juin /2011 14:54

 

Mer-de-nuage.jpg

Caspar David Friedrich (1775-1842)

Le voyageur au dessus de la mer de nuages

1818

huile sur toile

95cm x 75cm

Kunsthalle de Hambourg

 

Création personnelle de l'artiste.

 

Intro


Grande absente de l’art antique, la peinture de paysage a été maintenue par le classicisme au rang le plus bas dans la hiérarchie des genres picturaux. Cependant, tout au long du xviiie siècle, le paysage acquiert peu à peu ses lettres de noblesse – c’est-à-dire un lyrisme propre – sous l’effet d’une nature. Or, autour de 1800, l’Allemagne réactive un conflit théorique et pratique qui éclaire de manière exemplaire la portée des enjeux esthétiques que suscite le paysage. Friedrich prend une part importante dans cette réhabilitation. En effet il peint exclusivement des paysages. Cf aussi le Sturm und Drang, Tempête et passion, mouvement créé par Goethe. Friedrich y adhère, mais pour lui la passion est celle de dieu, loin de la rationalité des Lumières. Suivant le credo romantique, il donne un sens profond à ses paysages. Le Voyageurfait partie de ces œuvres investies d'une signification complexe. Dès lors, quels sont les mécanismes de spiritualisation de l'oeuvre que l'artiste fait intervenir dans le Voyageur, pour amener le spectateur à ressentir le dévoilement de l'omniprésence divine ?

 

 

1.Le paysage, un genre de l'individualité ?

     

    Paysage, donc pas vraiment de sujet, si ce n'est le paysage allemand que peint toujours Freidrich → Reisenberg ? Paysage pas du tout une nouveauté, œuvre représentative de l'oeuvre de Friedrich, paysagiste par excellence. Format rectangulaire, tout de même assez original pour un paysage. Dessin aux lignes plutôt droites et nettes. Cherche à fournir une représentation fidèle de la réalité. Pas du réalisme, mais dessin proche du réel. Du coup, pureté des formes, qui ont un trait net et précis. Facture très soignée, touche imperceptible, absence d'épaisseur. L'artiste s'efface, il n'existe pas.

    Déjà Emmanuel Kant, dans la Critique de la faculté de juger, s’il refusait à la musique toute capacité à susciter la réflexion, admettait qu’elle serait au premier rang des arts si on la considérait du point de vue de la richesse des sensations qu’elle met en oeuvre. Et c’est justement ce que retiendront les romantiques, qu’intéresse la puissance synesthésique. En vertu de la promotion de la musique dans l’esthétique romantique, la peinture de paysage pourra elle-même être revalorisée. Ainsi, Runge écrit à son frère : « La musique, c’est ce que nous appelons l’harmonie et le repos dans les trois autres arts ». De même pour Friedrich, qui respecte cette mise en place d'une harmonie de la nature, d'une musicalité de la composition, d'une symphonie des couleurs.

    Au niveau couleur, camaïeu de bleu, du bleu-vert des montagnes au loin, au bleu presque blanc des nuages du ciel. Opposition au marron des rochers et au vert du costume du pj. Contraste quantité, beaucoup moins de marron et couleurs plutôt sombres que de couleurs claires. Les couleurs sont presque organisées en « bandes », de même que les plans, il n'y a pas vraiment de liant, l'oeil passe d'un plan à l'autre sans trop de douceur. Le marron de la terre, qui au fond représente la matérialité, mais aussi une certaine brutalité, ou plus simplement, l'homme, se perd dans le blanc des nuages, qui symbolisent la pureté, l'innocence, mais également la transcendance divine. Au loin, les montagnes se parent d'un vert presque délavé, occurrence de la nature, mais également la couleur de la chance et du destin. Cf Traité sur la couleur de Goethe.

     

     

    2.L'homme face à la nature

       

      Un homme de dos, seul, contemple les nuages et l'horizon qui s'étend à perte de vue, le tout perché sur un pic rocheux. Particularité de l'homme de dos, qui prend beaucoup de place et attire le regard. Donc, sujet en quelque sorte la contemplation. Le corps du personnage vient oblitérer le centre de la peinture. La hiérarchie s'inverse, l'encadrement des côtés vient au centre, et semble presque de ce fait nous empêcher de voir ce qui pourrait être le plus important. Lignes principales du tableau ramènent toutes au personnage. Ici intervient la tragédie du paysage, car la scène est totalement hiératique, il n'y a aucune action, aucun drame, mais pourtant la tension entre l'homme et le vide devant lui nous montre la tragédie d'un homme face à lui-même, à l'immensité divine, et face à sa petitesse et à sa mort.

      Homme de dos montre un peu repli sur soi, semble se couper du monde extérieur, la preuve il n'y a personne d'autre. Dialogue de l'intériorité avec le Tout, Dieu, la Nature. C'est un dialogue personnel, presque intérieur avec la transcendance. Presque kantien de ce point de vue là. Si pj était de face, changerai totalement la signification, cf Regards dans l'infini, où le pj de face signifie autre chose. Symbolistes suivent les romantiques, mais ici cherche à traduire l’ordre universel lui-même, sa beauté éternelle et ses lois rythmiques d’harmonie. « - Il fait valoir la nature en mettant en évidence les choses ; il fait valoir les formes du corps humain - il nous montre une nature agrandie - simplifiée, - dégagée de tous les détails insignifiants ».

      Disparition de la terre, si ce ne sont les pics rocheux. Cf Sturm und Drang, l'homme est emporté par la passion, et les nuages peuvent signifier la tempête. Montagnes au loin semblent plus être ciel que terre. Jeu de matière entre les nuages, qui se délitent et forment un espèce de halo lumineux, et les rochers+pj, qui sont bcp plus massifs. Jeu entre l'immatériel et le matériel. On s'arrache au matériel, à l'humain et terrestre pour aller à l'immatériel, au divin et au céleste. Mais c'est l'homme seul qui peut s'y rendre. L'homme domine la nature en apparence mais le bâton est un signe de faiblesse, de plus la figure humaine est écrasée par un paysage où transparaît la présence divine.

       

       

      3.Introduction du panthéïsme dans le paysage : faire sentir la présence divine

         

        Cf « Neuf lettres sur la peinture de paysage », qui donnent un modus operandi que Friedrich respecte.

        Cadrage original imposé par le format. Oblige à lancer le regard dans le vertical plutôt que dans l'horizontal. Fait du personnage debout le centre du regard, en étant le centre du tableau. Point de vue légèrement décentré vers le bas, regard pas au centre du tableau. Incite à monter le regard. Trois plans, celui du pj, la mer de nuage, puis montagnes de l'horizon qui se confondent avec le ciel. Pas vraiment de ligne d'horizon, on dirait presque un sfumato (perspec atmosphérique). La tête atteint les montagnes, idée du divin que l'on ne peut encore atteindre.

        On remarque que la perspective est particulièrement ouverte sur les côtés. Rien ne vent obstruer les marges, qui sont libérées. Plus rien n'encadre vraiment l'espace, qui semble du coup se dilater. L'espace est vidé, le spectateur entre dedans comme dans un gouffre. Il se perd dans l'abîme. La ligne d'horizon assez haute oblige le spectateur à plonger son regard dans l'immensité de la mer de nuage et du ciel. La luminosité l'absorbe. C'est comme un bain de lumière plus ou moins forcé. Importance du ciel, comme chez le paysagiste anglais Constable, qui disait « Le ciel est la source de la lumière dans la nature et gouverne toute chose. » Friedrich lui fait gouverner la toile, mais bien plus encore.

        Triangle du pic rocheux, et deux diagonales des montagnes. Composition très équilibrée. Tableau divisé en deux rectangles par la ligne verticale qui passe par le pj. Chaque diagonale descendante est compensée par une ascendante. Symétrie de la compo. Il est évident que le paysage qu'a peint Friedrich n'est pas d'après nature. S'il a fait des études de rochers, nuages ou montagnes, ce n'est pas un paysage réel qui se trouve devant nos yeux. Ainsi, en plus des lignes de composition qui sont parfois clairement visibles. La description faite plus haut montre bien une harmonie, un équilibre de la composition, qui amène à penser à la perfection et l'équilibre divin. Paradoxe hiératisme divin/tempête intérieure. Subrepticement, le peintre cherche à nous faire sentir la perfection divine, et à nous y amener. Structure pyramidale du pj+montagne, rappel de la trinité, comme l'a fait Masaccio des années plus tôt. Image qui sera reprise par Friedrich dans le retable de teschen.

        Source lumineuse naturelle, qui semble venir de derrière le pic où est le personnage, donc hors champ, vu que cet espace est plutôt ombragé. Mais en même temps, luminosité du ciel et des nuages, dc tableau très lumineux. → lumière divine. De l'ombre du rocher à la lumière du ciel, gradation lumineuse. Image vie ? Mort ? Appel de Dieu, oui, mais aussi image de la paleur cadavérique, spectre solitaire de la mort, départ vers le paradis en rose ?

         

        Ccls


        On voit donc bien que le paysage, bien loin de n'être qu'un simple genre mineur ou un exercice pour apprenti désoeuvré est un manifeste esthétique. Esthétique du mélange des arts, peinture et musique, mais aussi esthétique romantique de la divinisation du paysage. Image de ce tableau sera reprise de nombreuses fois, mais toujours pour signifier un rapport particulier avec la nature, comme l'oeuvre de Philippe Ramette (les promenades marines) ou un film de Guy Madin, Careful, film où les habitants de Tolzbad vivent dans la crainte permanente de l'avalanche. Des amours obsessionnelles naitront dans ce climat de prudence excessive. Lui même dit de ce film : « La peinture de Caspar David Friedrich, Le voyageur contemplant une mer de nuages, fait bien entendu écho au le film le plus romantique que j’ai réalisé,Careful. L’anecdote est amusante car j’avais constamment sur ma table de travail un livre de ce peintre. J’ai même demandé à mon acteur principal Kyle McCullochde prendre la même position, dos à la caméra en haut d’une montagne brumeuse, comme le personnage sur cette magnifique peinture. »

         

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        11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 12:15

        Intro

        Alberti homme de science, né d'une famille exilée de Florence, stéréotype du futur humaniste. Il a voyagé, étudié plusieurs disciplines, observé et analysé le travail des Anciens... Bref, un produit du changement des mentalités dans l'époque renaissante.

        Une architecture à la portée de l'humain. L'homme comme fondement. Le monde peut être pensé, construit, représenté. Pensé, parce qu'il est désormais rationalisable par les mathématiques, la géométrie bref, par les sciences que l'homme à créées

        Construit, non plus comme un monde appartenant à dieu, mais un monde à la portée de l'homme. Pour les églises, le but n'est plus l'élèvement des cathédrales qui vont vers dieu mais l'application d'un modèle antique, d'une géométrisation, de volumes et autres organisation de l'espace selon les mesures.

        Représenté selon des principes logiques et par des techniques picturales nouvelles que sont la rationalisation de l'espace pictural.

        L'architecture d'Alberti respecte ces trois principes et, par là même, se fait témoin d'une rupture épistémologique, du passage d'une époque à une autre.

         

        1. La pensée rationnelle du monde

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        Contrairement à la pensée scolastique, qui place Dieu au centre de toute chose, Alberti est le témoin du début d'une pensée humaniste, qui remplace le principe divin par l'humain. Cela ne veut évidemment pas dire que Alberti est athée ou agnostique, loin de là, seulement que l'on commence à prendre l'homme en compte pour lui même.

        Il suffit d'observer le progressif établissement du modèle antique et de la référence aux Anciens. Lorsqu'il écrit son De res aedificatoria, Alberti se réfère à Vitruve (De architectura) et à l'antique, plus seulement à Dieu. Le modèle à suivre devient l'homme lui même et non plus seulement le principe divin qui est par essence irreprésentable et irrationnel. Chose que l'on remarque aisément lorsque l'on observe le palazzo Rucellai à Florence.

        On dit d'Alberti qu'il était un grand savant, du fait de sa connaissance de nombreux domaines. C'est notamment cela qui fait évoluer la société d'une pensée purement scolastique à l'acceptation de ce que l'on nommera l'humanisme. Ainsi, l'artiste explique clairement dans ses traités que l'espace doit être rationalisé, mathématisé. L'architecture est « cosa mentale ». Et pour e faire, c'est aux sciences créées par l'homme que l'architecte se réfère, et non à une pensée scolastique comme le faisaient les maîtres d'oeuvres des cathédrales gothiques, tel que le montre Panofsky dans son essai Architecture gothique et pensée scolastique.

         

        1. La construction par et pour l'homme

        800px-Santa Maria Novella-copie-1

         

         

        Parler de construction par l'homme paraît être une tautologie stupide, tout bâtiment étant construit par l'homme. Mais il s'agit désormais d'organiser la construction selon des rapports précis (qu'Alberti développe dans le De res aedificatoria) et logiques. La façade de santa Maria Novella en est une preuve éclatante. La rosace s'inscrit dans un carré dessiné par la décoration de marbre polychrome alors que les décorations qui l'entourent suivent toutes le même module rectangulaire. C'est donc l'homme qui applique sa science au bâtiment qu'il soit pour le divin ou non.

        Construction pour l'homme, car c'est lui qui se situe dans le monde réel. Dieu est un principe abstrait, qui ne semble pas toujours s'incarner dans le monde. Il ne s'agit plus ici de créer des cathédrales aux façades qui s'élancent vers le ciel et aux voûtes qui semblent se dématérialiser dans le monde divin, non. C'est désormais pour l'homme que les bâtiments sont érigés, car c'est l'homme qui devient principe organisateur du monde. Il n'y a qu'à voir la façade du tempio Malatestiano, qui fait référence à l'arc de triomphe tout proche non pas pour glorifier Dieu, mais bien pour faire référence à la puissance militaire des Malatesta, famille de condottières.

         

        1. La représentation de l'humain dans l'espace architectural.

        Palazzo Rucellai Ansicht

         

        Pour Alberti, que ce soit dans la peinture ou l'architecture, il s'agit de faire une place à l'homme en tant que principe organisateur. C'est le regard humain qui est pris en compte pour construire ou peindre. En peinture, c'est l'apparition de la perspective monofocale, en architecture, c'est la fin du style gothique. Le gothique était à proprement parler un art pour Dieu, qui essayait de s'élever vers Lui, de faire entrer Sa lumière dans les voûtes immenses. Le style d'Alberti n'est plus celui là, c'est une architecture horizontale, en perspective, qui s'organise pour le regard de l'homme.

        Cela se traduit dans les faits par une parfaite organisation de l'espace architectural, faite pour être appréhendée et comprise par le regard humain. Les exemples sont nombreux dans l'oeuvre d'Alberti. La façade de Santa Maria Novella est ainsi parfaitement symétrique, de même les étages du palazzo Rucellai sont conçus pour donner une impression de symétrie et d'harmonie des volumes (en effet le second étage est plus grand que le premier d'une 15aine de centimètres)

         

         

         

         

         

         

         

         

         

         

        Conclusion :

        Les principes organisateurs de la pensée théorique d'Alberti mais également de son œuvre construite montrent bien le passage progressif d'une époque à une autre. La scolastique n'est plus la seule pensée acceptable, mais place est faite progressivement à un humanisme, qui lui même permet une mutation de la société. On construit pour les hommes, pour montrer leur puissance et leur bienfaisance, et pour ce faire on utilise un nouveau système de pensée de l'architecture. Tout cela montre bien que l'homme peut désormais s'affirmer, que des hommes comme Cosimo de Medici ou Giovanno Rucellai peuvent se glorifier eux-mêmes en glorifiant Dieu. L'homme peut s'affirmer en tant que tel.

         

        San Sebastiano Mantua-Mantua-original

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        8 avril 2011 5 08 /04 /avril /2011 15:53

        Parce que j'en avai trouvé aucun sur l'impressionnisme, je publie l'exposé que j'ai fait. Il est écrit en abrégé, mais c'est lisible je pense ^^ Hésitez pas à le prendre en entier, élèves de tous bords =D

        A rajouter qu'il faut l'améliorer en parlant notamment des artistes anglais comme Whistler, des autres arts impressionnistes (comme la musique) et accessoirement, de Berthe Morisot et des influences ultérieures, comme le post-impressionniste, pointillisme, Toulouse-Lautrec et autres. Enjoy =)

         

        01. Impression Soleil levant, 1872, Marmottant

        Intro

         

         

        Tableau Claude Monet, Impression soleil levant (1872, Musée Marmottan, Paris), impressionnisme doit son nom. Mai 1874, ateliers du photographe Nadar, boulevard des Capucines, exposition de jeunes peintres indépendants, parmi lesquels Claude Monet, Paul Cézanne , Pierre-Auguste Renoir et Alfred Sisley. Même approche picturale, rendu du plein air, effet que produisent les variations de la lumière sur les éléments. Constitués en société anonyme pour faire face à leur exclusion systématique des salons officiels. Manifestation provoque scandale retentissant et donne loisir critiques d'art (qui ne voient croûtes semblant « avoir déclaré la guerre à la beauté ») manifester railleries et mépris. Journaliste Louis Leroy, tournant en dérision le tableau de Monet, s'exclame revue le Charivari : « Impression... J'en étais sûr... puisque je suis impressionné, il doit y avoir de l'impression là-dedans... » Terme né, et accepté d'emblée par les artistes et leur petit cercle d'amateurs (parmi lesquels les critiques d'avant-garde Jules Castagnary, Edmond Duranty, Théodore Duret et le marchand d'art et collectionneur Paul Durand-Ruel). Malgré la persistance des attaques malveillantes et des querelles esthétiques internes au groupe, sept autres expositions organisées sous cette étiquette, dont la dernière en 1886.

        L'impressionnisme désigne cependant moins une école à proprement parler qu'une tendance qui a entraîné derrière elle toute une génération d'artistes et ouvert la voie aux révolutions stylistiques du début du XXe siècle. Mouvement considéré comme novateur sur bien des aspects, c'est donc à ce point que je vais m'intéresser, en essayant de prouver la grande originalité dont ces peintres ont su faire preuve.

         

        1. Un changement décisif des savoirs et de la manière de penser.

         

        Philosophie du changement

        02. Neige à Marly-le-roi, Sisley, 1875Situé dans le temps, l'artiste voit nature le suivre aussi. Grande innovation de l'impressionnisme. S'intéresse, dans la nature, qu'à changements selon la lumière, climat, mois, heure. Effet de dissolution contours des choses, effacement de tout ce qui définit et immobilise.

        Toute attention sur les accidents météorologiques : neiges, brouillards, inondations, dégels, débâcles, ainsi que sur forces les plus fluides de la nature : air, eau, rivières coulant, flots mer contre rochers. L'atmosphère, les ciels, les éléments, l'élément, cela dans quoi l'on baigne et où l'artiste ne se donne plus pour tâche de distinguer et signifier des objets, mais dont il sent et veut faire sentir la souveraine et comme magique énergie métamorphosante.

        L’impressionnisme voulait rendre manière même dont les objets frappent notre vue et attaquent nos sens. Ils les représentaient dans l’atmosphère où nous les donne la perception instantanée, sans contours absolus, liés entre eux par la lumière et l’air.

         

        L’influence de l’estampe

        06. Utamaro Femme au miroirLa révélation des estampes japonaises a conjugué influence avec sentiment de l'universel devenir. Ces estampes du style Ukiyo-e, école à cheval sur le xviiie et le xixe siècle, compte Utamaro, Hokusai, Hiroshige parmi ses maîtres. Ukiyo-e traduit par peinture du « monde flottant », du « monde changeant ». Monde des femmes, du théâtre et des maisons de plaisir, des lieux en marge où tout est grâce, galanterie, légèreté, mode. Les thèmes vont s'élargir à tout le monde extérieur : la rue animée, sous le soleil ou sous la pluie, d'une multitude frémissante de vie, les anecdotes de l'existence quotidienne, et surtout le paysage.

        Apparaît sous divers aspects, donc comme mobilité même. Les maîtres japonais pratiquent art des séries. Un même site, mont Fuji, reproduit en d'innombrables vues gré des saisons et des heures. Pas seulement découpage arbitraire et perspectives obliques et angulaires qui émerveilleront les impressionnistes, mais aussi la philosophie qui l'inspire. Philosophie de la mutabilité des spectacles. De quoi conclure sans doute à la mutabilité des choses.

         

         

         

         

         

         

         

        Un art scientifique et lumineux

        Agent principal de cette mutabilité, lumière solaire, sur quoi il faut interroger les physiciens. 1839, Eugène Chevreul publie ouvrage De la loi du contraste simultané des couleurs et de l'assortiment des objets colorés d'après cette loi dans ses rapports avec la peinture. Livre capital, publications lui succédèrent, suite d'études et d'expériences de Chevreul sur la décomposition de la lumière par le prisme et sur le cercle chromatique, peinture retient que couleurs sont pas propriété des choses, pas de ton local, toute couleur perçue appelle sa complémentaire. Noir n'existe pas, tout est coloré, jusqu'aux ombres, peuvent être violettes. Monde en constante activité chromatique : il n'est même que cette activité, il est un jeu perpétuel de couleurs.

        11. Pissarro, Entrée du village voisin, 1872Couleurs agissent les unes sur les autres jusque dans les moindres parties de surface à couvrir, et selon le temps qui passe, dans réalité même et diverses parties du paysage à représenter. Même site, même ensemble de choses se colore différemment selon marche du temps, pcq couleurs pas attachées aux choses, mais constituent les choses mêmes, l'ensemble des choses, la réalité en infini changement. Pour rendre cette enveloppe lumineuse, il faut exclure les terres, les ocres, les noirs, et n’utiliser que les sept couleurs du prisme.

         

         

         

         

         

         

         

         

        1. La lumière toute puissante

         

        La lumière et l'instant

        12. Renoir, le dejeuner des canotiers, 1880-81, Phillips CoLorsque pas la lumière naturelle qui produit chatoiements et diaprures et qu'on a affaire à lumière artificielle villes, effet enchantement le même. Gaz fait scintiller bal nocturne Montmartre comme soleil partie de canotage à Bougival ou Chatou.

        Sous les deux éclairages, et au théâtre sous les feux de la rampe, et à la campagne parmi les plaisirs du jardin, une fête de la modernité est célébrée, un instant éphémère présent. Contradiction entre joie cosmique, l'une des plus vive jamais chantée, et conscience poignante caractère passager de cette joie. Voici un art qui a conféré à la lumière le pouvoir absolu sur le monde, mais pour lui faire éclairer la fugacité de toutes choses en ce monde.

         

         

         

        Nouvelles (innovations) techniques

        Pour représenter couleur objets, suffit pas reporter ton local sur toile. Ton local = couleur qu’objets prennent quand isolés ce qui les entoure, faut tenir compte phénomènes de contraste qui, dans nat, modifient couleurs locales. Raymond Cogniat, dans ouvrage, Les Impressionnistes, insiste sur invention tube de couleur, dès milieu du xixe siècle, permit artiste sortir atelier sans traîner un encombrant équipement, et affronter nature jusqu'à fin de son œuvre. À lumière atelier substitue lumière universelle ; ombres, lueurs blafardes, contre-jours bitumeux, tous éclairages d'école s'abolissent. Regard du peintre comme celui du spectateur entrent dans paradis peinture claire.

        Pour obtenir sur tableau ce qui sera vu dans lumière faible des appartements, aspect couleurs sous le soleil, faut figurer non seulement un vert, si herbe, mais encore rouge complémentaire qui fera vibrer. Peut obtenir chaque couleur en juxtaposant, au lieu mélanger couleurs composantes, donne ton plus vibrant. Pour impressionnistes, région aura faveurs : région humide, à lumière mouillée et sans cesse changeante, l'Île-de-France, la vallée de la Seine, les côtes normandes.

         

        Série ou étude ? Les Nymphéas

        16. Nymphéas, 1915, Neue Pinakothek, MunichSéries pour certains impressionnistes meilleur moyen faire apparaître changements couleurs, temps, atmosphère… Avec Nymphéas magie atteint point suprême, se perd dans sa conséquence ultime, fluidité et déliquescence. Le vieux Monet retiré à Giverny : concentre ses regards, menacés par cataracte, sur herbes et fleurs de son jardin, et sur un bassin. Parmi amis qui viennent le visiter , faut noter Georges Clemenceau, voisin de campagne, ami et défenseur passionné des grands créateurs maltraités par le siècle. Avant, après et même pendant la guerre, passe de longues heures auprès de Monet, assiste à son suprême combat avec ange de la lumière. Le vieil artiste et le vieil homme d'action se sont profondément entendus, et un émouvant témoignage en demeure dans le livre que ce dernier a écrit sur son ami et ses nymphéas.

        L'obsédant commerce que regard de Monet a entretenu à toutes phases du jour et année avec miroir enchanté produisit à partir de 1887, semble-t-il, un nombre considérable de toiles, puis grand ensemble décoratif qui était son rêve ultime, et pour l'exécution duquel se fit construire énorme atelier. Ensemble fut donné à la France et installé à l'Orangerie des Tuileries dans conditions et éclairage étudiés et décidés par Monet lui-même. Mourut en décembre année 1926, quelques mois avant vernissage officiel en mai 1927.

        18. Nymphéas, 1920-26, Musée de l'orangerie, Paris

         

        1. Un art de la vie contemporaine

         

        Sujets nouveaux, sujets fugaces

        Délaissant sujets historiques ou mythologiques, impressionnistes vont renouveler thèmes peinture, pour rendre compte monde contemporain. Recherchent thèmes dans monde immuable nature que dans quotidien dans lequel évoluent, chacun développant thématique propre. Pour eux, sujet en vaut un autre, ce qui compte, davantage vision et recherche picturale de celui qui peint. Démarche impressionniste visant à représenter réalité environnante pertinente qu'à un moment et sous conditions données. Exécution tableau rapide, proche de esquisse. S'agit peinture d'un instant, impression fugitive.

         

        Sujets contemporains et mauvaise réception

        20. Sisley, le moulin à moret, 1883Impressionnisme forme réalisme ou naturisme. Mais réalisme, naturisme, qui ont ahuri société bourgeoise persuadée que peinture officielle rendait exactement compte réalité, nature de la connaissance desquelles elle se croyait aussi assurée que de toutes ses autres connaissances, c'est-à-dire de toutes ses autres possessions.

        De celles-ci, artistes patentés fournissaient intelligence immédiate. Faisaient objets représentables, dessinaient contours, les définissaient. Or, dès première manif, 1874, jeunes artistes subversifs présentent « impressions ». N'a qu'en faire. Et horrifiée par artistes qui absorbaient objets dans chatoyante magie en se réclamant pour cela des lois spécifiques de la lumière.

         

         

         

        Sujets quotidiens et célébration de la modernité

        Impressionnisme aussi peinture vie quoti avec boulevards, cafés, divertissements parisiens cô danse, opéra ou champs. Plaisirs de l’eau figurent aussi parmi sujets impressionnistes : baigneurs et baigneuses peints plusieurs reprises par Cézanne ou Renoir; canotiers au bord des fleuves surtout représentés par Caillebotte ou Renoir avec son Déjeuner des Canotiers. Retrouve dans peinture hauts-lieux vie contemp, telle gare. Selon Zola, impressionnistes «peignent leur époque en hommes qui la vivent en eux, qui la possèdent»; ils peignent société dans toute sa vérité. Mélange des catégories sociales: trouve aussi bien type social promeneur bourgeois que ouvrier, alcoolique ou danseuse de cabaret… Les peintres choisissent pas, peignent totalité de vie moderne, telle qu’elle s’offre à eux.

        22. renoir-bal-au-moulin-de-la-galette-1876

         

        Conclusion

        Contrairement à ce qu'a pu dire Cézanne sur ses anciens collègues impressionniste, cet art est tout de même porteur d'une grande nouveauté. Ces peintres ont su oser de nouvelles techniques, de nouveaux sujets, et surtout une nouvelle manière de penser l'art. En ce sens, on comprend mieux pourquoi ils servent de point de départ traditionnel à l'art moderne. Cependant, tout de même une continuité pcq reste art d'apparence. Aucune interprétation. Même si montre vision particulière du peintre, manière de saisir son environnement, c'est juste une reproduction du paysage, ac technique spé de la lumière et des couleurs.

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        6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 10:35

        Pourquoi j'ai commencé un blog ? Parce que les connaissances, les idées, ça se partage. Quelques analyses d'oeuvres, quelques opinions sur l'actualité mondiale... Un besoin de se faire entendre, si modeste en soit la portée.

         

        N'est-il jamais arrivé à quelqu'un de se sentir impuissant devant la situation actuelle ? Que faire, que dire, que penser ? Comment réagir alors que nous ne sommes rien pour les pontes de la société, si ce n'est du bétail productif que l'on peut exploiter à volonté ? Une révolte éclate ? Quelques concessions sans valeur, et la poudre aux yeux fait son effet. Le peuple, s'il ne se soulève pas en masse, ne fait pas peur. Ou du moins, pas assez.

         

        Ce matin, quand j'ai lu le journal, j'ai eu mal au coeur, j'ai même été triste. Triste de voir que les relations internationales et les lois du profit passent avant l'humain. Triste de voir qu'une vie n'a pas de valeur face à un billet de cent euros. L'argent et le pouvoir sont bien plus important. Il suffit de voir la Libye, voir le débat autour du devoir de leur fournir des armes ou non. Pour ne pas heurter tel ou tel pays, il s'agit d'en laisser mourir un, de laisser la dictature étouffer le droit et la liberté. Alors l'opinion publique est choquée, outrée même, mais les politiques ne peuvent se permettre de heurter un autre pays. Il faut voir la France et même l'Europe entière ramper devant la Chine; Tout le monde sait qu'elle est loin d'être une démocratie et de respecter les droits de l'homme, mais tous préfèrent se bander les yeux et se laisser guider gentiment par un pays qui les tient par les bourses, dans tous les sens du terme.

         

        Je me demande souvent comment on peut accepter ça, comment le citoyen lambda peut se lever le matin, sans même penser à toutes ces choses horribles, à faire sa vie, normalement, alors qu'ailleurs, certains sont tués pour avoir dit un mot de trop. Ou même comment les français peuvent à se pôint se désintéresser de la politique et ne plus aller voter, alors que tant d'hommes et de femmes se sont battus et se battent encore pour avoir le droit d'exprimer une opinion politique. N'est-ce pas les trahir ? N'est-ce pas bafouer leur mémoire ? N'est-ce pas surtout être lâche, se plaindre que le pays va mal et que les politiques font n'importe quoi alors que l'on a rien fait pour les en empêcher ?! Ou simplement dire que rien ne nous convient, alors que l'on a même pas cherché à comprendre, ou que l'on prétend attendre celui qui nous correspondra, sans chercher à faire la moindre concession...

         

        Parfois, l'homme me dégoute. De son égoïsme, de sa capacité à fermer les yeux sur ce qu'il ne veut pas voir, car c'est trop dur. Ne rien faire, car c'est plus simple, moins fatigant, et que, après tout, d'autres peuvent très bien le faire... La fainéantise et l'egocentrisme des citoyens modernes les perdrons. n'est-ce pas pathétique et pitoyable ?

         

        Je ne suis rien. Vous non plus, mais moi, je prends la parole, à ma modeste échelle, pour dire si peu de choses au final. Personne ne m'écoutera, et ma voix se perdra sûrement dans le désert, mais au moins, j'aurai parlé.

         

        M.F

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