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16 juin 2011 4 16 /06 /juin /2011 14:54

 

Mer-de-nuage.jpg

Caspar David Friedrich (1775-1842)

Le voyageur au dessus de la mer de nuages

1818

huile sur toile

95cm x 75cm

Kunsthalle de Hambourg

 

Création personnelle de l'artiste.

 

Intro


Grande absente de l’art antique, la peinture de paysage a été maintenue par le classicisme au rang le plus bas dans la hiérarchie des genres picturaux. Cependant, tout au long du xviiie siècle, le paysage acquiert peu à peu ses lettres de noblesse – c’est-à-dire un lyrisme propre – sous l’effet d’une nature. Or, autour de 1800, l’Allemagne réactive un conflit théorique et pratique qui éclaire de manière exemplaire la portée des enjeux esthétiques que suscite le paysage. Friedrich prend une part importante dans cette réhabilitation. En effet il peint exclusivement des paysages. Cf aussi le Sturm und Drang, Tempête et passion, mouvement créé par Goethe. Friedrich y adhère, mais pour lui la passion est celle de dieu, loin de la rationalité des Lumières. Suivant le credo romantique, il donne un sens profond à ses paysages. Le Voyageurfait partie de ces œuvres investies d'une signification complexe. Dès lors, quels sont les mécanismes de spiritualisation de l'oeuvre que l'artiste fait intervenir dans le Voyageur, pour amener le spectateur à ressentir le dévoilement de l'omniprésence divine ?

 

 

1.Le paysage, un genre de l'individualité ?

     

    Paysage, donc pas vraiment de sujet, si ce n'est le paysage allemand que peint toujours Freidrich → Reisenberg ? Paysage pas du tout une nouveauté, œuvre représentative de l'oeuvre de Friedrich, paysagiste par excellence. Format rectangulaire, tout de même assez original pour un paysage. Dessin aux lignes plutôt droites et nettes. Cherche à fournir une représentation fidèle de la réalité. Pas du réalisme, mais dessin proche du réel. Du coup, pureté des formes, qui ont un trait net et précis. Facture très soignée, touche imperceptible, absence d'épaisseur. L'artiste s'efface, il n'existe pas.

    Déjà Emmanuel Kant, dans la Critique de la faculté de juger, s’il refusait à la musique toute capacité à susciter la réflexion, admettait qu’elle serait au premier rang des arts si on la considérait du point de vue de la richesse des sensations qu’elle met en oeuvre. Et c’est justement ce que retiendront les romantiques, qu’intéresse la puissance synesthésique. En vertu de la promotion de la musique dans l’esthétique romantique, la peinture de paysage pourra elle-même être revalorisée. Ainsi, Runge écrit à son frère : « La musique, c’est ce que nous appelons l’harmonie et le repos dans les trois autres arts ». De même pour Friedrich, qui respecte cette mise en place d'une harmonie de la nature, d'une musicalité de la composition, d'une symphonie des couleurs.

    Au niveau couleur, camaïeu de bleu, du bleu-vert des montagnes au loin, au bleu presque blanc des nuages du ciel. Opposition au marron des rochers et au vert du costume du pj. Contraste quantité, beaucoup moins de marron et couleurs plutôt sombres que de couleurs claires. Les couleurs sont presque organisées en « bandes », de même que les plans, il n'y a pas vraiment de liant, l'oeil passe d'un plan à l'autre sans trop de douceur. Le marron de la terre, qui au fond représente la matérialité, mais aussi une certaine brutalité, ou plus simplement, l'homme, se perd dans le blanc des nuages, qui symbolisent la pureté, l'innocence, mais également la transcendance divine. Au loin, les montagnes se parent d'un vert presque délavé, occurrence de la nature, mais également la couleur de la chance et du destin. Cf Traité sur la couleur de Goethe.

     

     

    2.L'homme face à la nature

       

      Un homme de dos, seul, contemple les nuages et l'horizon qui s'étend à perte de vue, le tout perché sur un pic rocheux. Particularité de l'homme de dos, qui prend beaucoup de place et attire le regard. Donc, sujet en quelque sorte la contemplation. Le corps du personnage vient oblitérer le centre de la peinture. La hiérarchie s'inverse, l'encadrement des côtés vient au centre, et semble presque de ce fait nous empêcher de voir ce qui pourrait être le plus important. Lignes principales du tableau ramènent toutes au personnage. Ici intervient la tragédie du paysage, car la scène est totalement hiératique, il n'y a aucune action, aucun drame, mais pourtant la tension entre l'homme et le vide devant lui nous montre la tragédie d'un homme face à lui-même, à l'immensité divine, et face à sa petitesse et à sa mort.

      Homme de dos montre un peu repli sur soi, semble se couper du monde extérieur, la preuve il n'y a personne d'autre. Dialogue de l'intériorité avec le Tout, Dieu, la Nature. C'est un dialogue personnel, presque intérieur avec la transcendance. Presque kantien de ce point de vue là. Si pj était de face, changerai totalement la signification, cf Regards dans l'infini, où le pj de face signifie autre chose. Symbolistes suivent les romantiques, mais ici cherche à traduire l’ordre universel lui-même, sa beauté éternelle et ses lois rythmiques d’harmonie. « - Il fait valoir la nature en mettant en évidence les choses ; il fait valoir les formes du corps humain - il nous montre une nature agrandie - simplifiée, - dégagée de tous les détails insignifiants ».

      Disparition de la terre, si ce ne sont les pics rocheux. Cf Sturm und Drang, l'homme est emporté par la passion, et les nuages peuvent signifier la tempête. Montagnes au loin semblent plus être ciel que terre. Jeu de matière entre les nuages, qui se délitent et forment un espèce de halo lumineux, et les rochers+pj, qui sont bcp plus massifs. Jeu entre l'immatériel et le matériel. On s'arrache au matériel, à l'humain et terrestre pour aller à l'immatériel, au divin et au céleste. Mais c'est l'homme seul qui peut s'y rendre. L'homme domine la nature en apparence mais le bâton est un signe de faiblesse, de plus la figure humaine est écrasée par un paysage où transparaît la présence divine.

       

       

      3.Introduction du panthéïsme dans le paysage : faire sentir la présence divine

         

        Cf « Neuf lettres sur la peinture de paysage », qui donnent un modus operandi que Friedrich respecte.

        Cadrage original imposé par le format. Oblige à lancer le regard dans le vertical plutôt que dans l'horizontal. Fait du personnage debout le centre du regard, en étant le centre du tableau. Point de vue légèrement décentré vers le bas, regard pas au centre du tableau. Incite à monter le regard. Trois plans, celui du pj, la mer de nuage, puis montagnes de l'horizon qui se confondent avec le ciel. Pas vraiment de ligne d'horizon, on dirait presque un sfumato (perspec atmosphérique). La tête atteint les montagnes, idée du divin que l'on ne peut encore atteindre.

        On remarque que la perspective est particulièrement ouverte sur les côtés. Rien ne vent obstruer les marges, qui sont libérées. Plus rien n'encadre vraiment l'espace, qui semble du coup se dilater. L'espace est vidé, le spectateur entre dedans comme dans un gouffre. Il se perd dans l'abîme. La ligne d'horizon assez haute oblige le spectateur à plonger son regard dans l'immensité de la mer de nuage et du ciel. La luminosité l'absorbe. C'est comme un bain de lumière plus ou moins forcé. Importance du ciel, comme chez le paysagiste anglais Constable, qui disait « Le ciel est la source de la lumière dans la nature et gouverne toute chose. » Friedrich lui fait gouverner la toile, mais bien plus encore.

        Triangle du pic rocheux, et deux diagonales des montagnes. Composition très équilibrée. Tableau divisé en deux rectangles par la ligne verticale qui passe par le pj. Chaque diagonale descendante est compensée par une ascendante. Symétrie de la compo. Il est évident que le paysage qu'a peint Friedrich n'est pas d'après nature. S'il a fait des études de rochers, nuages ou montagnes, ce n'est pas un paysage réel qui se trouve devant nos yeux. Ainsi, en plus des lignes de composition qui sont parfois clairement visibles. La description faite plus haut montre bien une harmonie, un équilibre de la composition, qui amène à penser à la perfection et l'équilibre divin. Paradoxe hiératisme divin/tempête intérieure. Subrepticement, le peintre cherche à nous faire sentir la perfection divine, et à nous y amener. Structure pyramidale du pj+montagne, rappel de la trinité, comme l'a fait Masaccio des années plus tôt. Image qui sera reprise par Friedrich dans le retable de teschen.

        Source lumineuse naturelle, qui semble venir de derrière le pic où est le personnage, donc hors champ, vu que cet espace est plutôt ombragé. Mais en même temps, luminosité du ciel et des nuages, dc tableau très lumineux. → lumière divine. De l'ombre du rocher à la lumière du ciel, gradation lumineuse. Image vie ? Mort ? Appel de Dieu, oui, mais aussi image de la paleur cadavérique, spectre solitaire de la mort, départ vers le paradis en rose ?

         

        Ccls


        On voit donc bien que le paysage, bien loin de n'être qu'un simple genre mineur ou un exercice pour apprenti désoeuvré est un manifeste esthétique. Esthétique du mélange des arts, peinture et musique, mais aussi esthétique romantique de la divinisation du paysage. Image de ce tableau sera reprise de nombreuses fois, mais toujours pour signifier un rapport particulier avec la nature, comme l'oeuvre de Philippe Ramette (les promenades marines) ou un film de Guy Madin, Careful, film où les habitants de Tolzbad vivent dans la crainte permanente de l'avalanche. Des amours obsessionnelles naitront dans ce climat de prudence excessive. Lui même dit de ce film : « La peinture de Caspar David Friedrich, Le voyageur contemplant une mer de nuages, fait bien entendu écho au le film le plus romantique que j’ai réalisé,Careful. L’anecdote est amusante car j’avais constamment sur ma table de travail un livre de ce peintre. J’ai même demandé à mon acteur principal Kyle McCullochde prendre la même position, dos à la caméra en haut d’une montagne brumeuse, comme le personnage sur cette magnifique peinture. »

         

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        11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 12:15

        Intro

        Alberti homme de science, né d'une famille exilée de Florence, stéréotype du futur humaniste. Il a voyagé, étudié plusieurs disciplines, observé et analysé le travail des Anciens... Bref, un produit du changement des mentalités dans l'époque renaissante.

        Une architecture à la portée de l'humain. L'homme comme fondement. Le monde peut être pensé, construit, représenté. Pensé, parce qu'il est désormais rationalisable par les mathématiques, la géométrie bref, par les sciences que l'homme à créées

        Construit, non plus comme un monde appartenant à dieu, mais un monde à la portée de l'homme. Pour les églises, le but n'est plus l'élèvement des cathédrales qui vont vers dieu mais l'application d'un modèle antique, d'une géométrisation, de volumes et autres organisation de l'espace selon les mesures.

        Représenté selon des principes logiques et par des techniques picturales nouvelles que sont la rationalisation de l'espace pictural.

        L'architecture d'Alberti respecte ces trois principes et, par là même, se fait témoin d'une rupture épistémologique, du passage d'une époque à une autre.

         

        1. La pensée rationnelle du monde

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        Contrairement à la pensée scolastique, qui place Dieu au centre de toute chose, Alberti est le témoin du début d'une pensée humaniste, qui remplace le principe divin par l'humain. Cela ne veut évidemment pas dire que Alberti est athée ou agnostique, loin de là, seulement que l'on commence à prendre l'homme en compte pour lui même.

        Il suffit d'observer le progressif établissement du modèle antique et de la référence aux Anciens. Lorsqu'il écrit son De res aedificatoria, Alberti se réfère à Vitruve (De architectura) et à l'antique, plus seulement à Dieu. Le modèle à suivre devient l'homme lui même et non plus seulement le principe divin qui est par essence irreprésentable et irrationnel. Chose que l'on remarque aisément lorsque l'on observe le palazzo Rucellai à Florence.

        On dit d'Alberti qu'il était un grand savant, du fait de sa connaissance de nombreux domaines. C'est notamment cela qui fait évoluer la société d'une pensée purement scolastique à l'acceptation de ce que l'on nommera l'humanisme. Ainsi, l'artiste explique clairement dans ses traités que l'espace doit être rationalisé, mathématisé. L'architecture est « cosa mentale ». Et pour e faire, c'est aux sciences créées par l'homme que l'architecte se réfère, et non à une pensée scolastique comme le faisaient les maîtres d'oeuvres des cathédrales gothiques, tel que le montre Panofsky dans son essai Architecture gothique et pensée scolastique.

         

        1. La construction par et pour l'homme

        800px-Santa Maria Novella-copie-1

         

         

        Parler de construction par l'homme paraît être une tautologie stupide, tout bâtiment étant construit par l'homme. Mais il s'agit désormais d'organiser la construction selon des rapports précis (qu'Alberti développe dans le De res aedificatoria) et logiques. La façade de santa Maria Novella en est une preuve éclatante. La rosace s'inscrit dans un carré dessiné par la décoration de marbre polychrome alors que les décorations qui l'entourent suivent toutes le même module rectangulaire. C'est donc l'homme qui applique sa science au bâtiment qu'il soit pour le divin ou non.

        Construction pour l'homme, car c'est lui qui se situe dans le monde réel. Dieu est un principe abstrait, qui ne semble pas toujours s'incarner dans le monde. Il ne s'agit plus ici de créer des cathédrales aux façades qui s'élancent vers le ciel et aux voûtes qui semblent se dématérialiser dans le monde divin, non. C'est désormais pour l'homme que les bâtiments sont érigés, car c'est l'homme qui devient principe organisateur du monde. Il n'y a qu'à voir la façade du tempio Malatestiano, qui fait référence à l'arc de triomphe tout proche non pas pour glorifier Dieu, mais bien pour faire référence à la puissance militaire des Malatesta, famille de condottières.

         

        1. La représentation de l'humain dans l'espace architectural.

        Palazzo Rucellai Ansicht

         

        Pour Alberti, que ce soit dans la peinture ou l'architecture, il s'agit de faire une place à l'homme en tant que principe organisateur. C'est le regard humain qui est pris en compte pour construire ou peindre. En peinture, c'est l'apparition de la perspective monofocale, en architecture, c'est la fin du style gothique. Le gothique était à proprement parler un art pour Dieu, qui essayait de s'élever vers Lui, de faire entrer Sa lumière dans les voûtes immenses. Le style d'Alberti n'est plus celui là, c'est une architecture horizontale, en perspective, qui s'organise pour le regard de l'homme.

        Cela se traduit dans les faits par une parfaite organisation de l'espace architectural, faite pour être appréhendée et comprise par le regard humain. Les exemples sont nombreux dans l'oeuvre d'Alberti. La façade de Santa Maria Novella est ainsi parfaitement symétrique, de même les étages du palazzo Rucellai sont conçus pour donner une impression de symétrie et d'harmonie des volumes (en effet le second étage est plus grand que le premier d'une 15aine de centimètres)

         

         

         

         

         

         

         

         

         

         

        Conclusion :

        Les principes organisateurs de la pensée théorique d'Alberti mais également de son œuvre construite montrent bien le passage progressif d'une époque à une autre. La scolastique n'est plus la seule pensée acceptable, mais place est faite progressivement à un humanisme, qui lui même permet une mutation de la société. On construit pour les hommes, pour montrer leur puissance et leur bienfaisance, et pour ce faire on utilise un nouveau système de pensée de l'architecture. Tout cela montre bien que l'homme peut désormais s'affirmer, que des hommes comme Cosimo de Medici ou Giovanno Rucellai peuvent se glorifier eux-mêmes en glorifiant Dieu. L'homme peut s'affirmer en tant que tel.

         

        San Sebastiano Mantua-Mantua-original

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        8 avril 2011 5 08 /04 /avril /2011 15:53

        Parce que j'en avai trouvé aucun sur l'impressionnisme, je publie l'exposé que j'ai fait. Il est écrit en abrégé, mais c'est lisible je pense ^^ Hésitez pas à le prendre en entier, élèves de tous bords =D

        A rajouter qu'il faut l'améliorer en parlant notamment des artistes anglais comme Whistler, des autres arts impressionnistes (comme la musique) et accessoirement, de Berthe Morisot et des influences ultérieures, comme le post-impressionniste, pointillisme, Toulouse-Lautrec et autres. Enjoy =)

         

        01. Impression Soleil levant, 1872, Marmottant

        Intro

         

         

        Tableau Claude Monet, Impression soleil levant (1872, Musée Marmottan, Paris), impressionnisme doit son nom. Mai 1874, ateliers du photographe Nadar, boulevard des Capucines, exposition de jeunes peintres indépendants, parmi lesquels Claude Monet, Paul Cézanne , Pierre-Auguste Renoir et Alfred Sisley. Même approche picturale, rendu du plein air, effet que produisent les variations de la lumière sur les éléments. Constitués en société anonyme pour faire face à leur exclusion systématique des salons officiels. Manifestation provoque scandale retentissant et donne loisir critiques d'art (qui ne voient croûtes semblant « avoir déclaré la guerre à la beauté ») manifester railleries et mépris. Journaliste Louis Leroy, tournant en dérision le tableau de Monet, s'exclame revue le Charivari : « Impression... J'en étais sûr... puisque je suis impressionné, il doit y avoir de l'impression là-dedans... » Terme né, et accepté d'emblée par les artistes et leur petit cercle d'amateurs (parmi lesquels les critiques d'avant-garde Jules Castagnary, Edmond Duranty, Théodore Duret et le marchand d'art et collectionneur Paul Durand-Ruel). Malgré la persistance des attaques malveillantes et des querelles esthétiques internes au groupe, sept autres expositions organisées sous cette étiquette, dont la dernière en 1886.

        L'impressionnisme désigne cependant moins une école à proprement parler qu'une tendance qui a entraîné derrière elle toute une génération d'artistes et ouvert la voie aux révolutions stylistiques du début du XXe siècle. Mouvement considéré comme novateur sur bien des aspects, c'est donc à ce point que je vais m'intéresser, en essayant de prouver la grande originalité dont ces peintres ont su faire preuve.

         

        1. Un changement décisif des savoirs et de la manière de penser.

         

        Philosophie du changement

        02. Neige à Marly-le-roi, Sisley, 1875Situé dans le temps, l'artiste voit nature le suivre aussi. Grande innovation de l'impressionnisme. S'intéresse, dans la nature, qu'à changements selon la lumière, climat, mois, heure. Effet de dissolution contours des choses, effacement de tout ce qui définit et immobilise.

        Toute attention sur les accidents météorologiques : neiges, brouillards, inondations, dégels, débâcles, ainsi que sur forces les plus fluides de la nature : air, eau, rivières coulant, flots mer contre rochers. L'atmosphère, les ciels, les éléments, l'élément, cela dans quoi l'on baigne et où l'artiste ne se donne plus pour tâche de distinguer et signifier des objets, mais dont il sent et veut faire sentir la souveraine et comme magique énergie métamorphosante.

        L’impressionnisme voulait rendre manière même dont les objets frappent notre vue et attaquent nos sens. Ils les représentaient dans l’atmosphère où nous les donne la perception instantanée, sans contours absolus, liés entre eux par la lumière et l’air.

         

        L’influence de l’estampe

        06. Utamaro Femme au miroirLa révélation des estampes japonaises a conjugué influence avec sentiment de l'universel devenir. Ces estampes du style Ukiyo-e, école à cheval sur le xviiie et le xixe siècle, compte Utamaro, Hokusai, Hiroshige parmi ses maîtres. Ukiyo-e traduit par peinture du « monde flottant », du « monde changeant ». Monde des femmes, du théâtre et des maisons de plaisir, des lieux en marge où tout est grâce, galanterie, légèreté, mode. Les thèmes vont s'élargir à tout le monde extérieur : la rue animée, sous le soleil ou sous la pluie, d'une multitude frémissante de vie, les anecdotes de l'existence quotidienne, et surtout le paysage.

        Apparaît sous divers aspects, donc comme mobilité même. Les maîtres japonais pratiquent art des séries. Un même site, mont Fuji, reproduit en d'innombrables vues gré des saisons et des heures. Pas seulement découpage arbitraire et perspectives obliques et angulaires qui émerveilleront les impressionnistes, mais aussi la philosophie qui l'inspire. Philosophie de la mutabilité des spectacles. De quoi conclure sans doute à la mutabilité des choses.

         

         

         

         

         

         

         

        Un art scientifique et lumineux

        Agent principal de cette mutabilité, lumière solaire, sur quoi il faut interroger les physiciens. 1839, Eugène Chevreul publie ouvrage De la loi du contraste simultané des couleurs et de l'assortiment des objets colorés d'après cette loi dans ses rapports avec la peinture. Livre capital, publications lui succédèrent, suite d'études et d'expériences de Chevreul sur la décomposition de la lumière par le prisme et sur le cercle chromatique, peinture retient que couleurs sont pas propriété des choses, pas de ton local, toute couleur perçue appelle sa complémentaire. Noir n'existe pas, tout est coloré, jusqu'aux ombres, peuvent être violettes. Monde en constante activité chromatique : il n'est même que cette activité, il est un jeu perpétuel de couleurs.

        11. Pissarro, Entrée du village voisin, 1872Couleurs agissent les unes sur les autres jusque dans les moindres parties de surface à couvrir, et selon le temps qui passe, dans réalité même et diverses parties du paysage à représenter. Même site, même ensemble de choses se colore différemment selon marche du temps, pcq couleurs pas attachées aux choses, mais constituent les choses mêmes, l'ensemble des choses, la réalité en infini changement. Pour rendre cette enveloppe lumineuse, il faut exclure les terres, les ocres, les noirs, et n’utiliser que les sept couleurs du prisme.

         

         

         

         

         

         

         

         

        1. La lumière toute puissante

         

        La lumière et l'instant

        12. Renoir, le dejeuner des canotiers, 1880-81, Phillips CoLorsque pas la lumière naturelle qui produit chatoiements et diaprures et qu'on a affaire à lumière artificielle villes, effet enchantement le même. Gaz fait scintiller bal nocturne Montmartre comme soleil partie de canotage à Bougival ou Chatou.

        Sous les deux éclairages, et au théâtre sous les feux de la rampe, et à la campagne parmi les plaisirs du jardin, une fête de la modernité est célébrée, un instant éphémère présent. Contradiction entre joie cosmique, l'une des plus vive jamais chantée, et conscience poignante caractère passager de cette joie. Voici un art qui a conféré à la lumière le pouvoir absolu sur le monde, mais pour lui faire éclairer la fugacité de toutes choses en ce monde.

         

         

         

        Nouvelles (innovations) techniques

        Pour représenter couleur objets, suffit pas reporter ton local sur toile. Ton local = couleur qu’objets prennent quand isolés ce qui les entoure, faut tenir compte phénomènes de contraste qui, dans nat, modifient couleurs locales. Raymond Cogniat, dans ouvrage, Les Impressionnistes, insiste sur invention tube de couleur, dès milieu du xixe siècle, permit artiste sortir atelier sans traîner un encombrant équipement, et affronter nature jusqu'à fin de son œuvre. À lumière atelier substitue lumière universelle ; ombres, lueurs blafardes, contre-jours bitumeux, tous éclairages d'école s'abolissent. Regard du peintre comme celui du spectateur entrent dans paradis peinture claire.

        Pour obtenir sur tableau ce qui sera vu dans lumière faible des appartements, aspect couleurs sous le soleil, faut figurer non seulement un vert, si herbe, mais encore rouge complémentaire qui fera vibrer. Peut obtenir chaque couleur en juxtaposant, au lieu mélanger couleurs composantes, donne ton plus vibrant. Pour impressionnistes, région aura faveurs : région humide, à lumière mouillée et sans cesse changeante, l'Île-de-France, la vallée de la Seine, les côtes normandes.

         

        Série ou étude ? Les Nymphéas

        16. Nymphéas, 1915, Neue Pinakothek, MunichSéries pour certains impressionnistes meilleur moyen faire apparaître changements couleurs, temps, atmosphère… Avec Nymphéas magie atteint point suprême, se perd dans sa conséquence ultime, fluidité et déliquescence. Le vieux Monet retiré à Giverny : concentre ses regards, menacés par cataracte, sur herbes et fleurs de son jardin, et sur un bassin. Parmi amis qui viennent le visiter , faut noter Georges Clemenceau, voisin de campagne, ami et défenseur passionné des grands créateurs maltraités par le siècle. Avant, après et même pendant la guerre, passe de longues heures auprès de Monet, assiste à son suprême combat avec ange de la lumière. Le vieil artiste et le vieil homme d'action se sont profondément entendus, et un émouvant témoignage en demeure dans le livre que ce dernier a écrit sur son ami et ses nymphéas.

        L'obsédant commerce que regard de Monet a entretenu à toutes phases du jour et année avec miroir enchanté produisit à partir de 1887, semble-t-il, un nombre considérable de toiles, puis grand ensemble décoratif qui était son rêve ultime, et pour l'exécution duquel se fit construire énorme atelier. Ensemble fut donné à la France et installé à l'Orangerie des Tuileries dans conditions et éclairage étudiés et décidés par Monet lui-même. Mourut en décembre année 1926, quelques mois avant vernissage officiel en mai 1927.

        18. Nymphéas, 1920-26, Musée de l'orangerie, Paris

         

        1. Un art de la vie contemporaine

         

        Sujets nouveaux, sujets fugaces

        Délaissant sujets historiques ou mythologiques, impressionnistes vont renouveler thèmes peinture, pour rendre compte monde contemporain. Recherchent thèmes dans monde immuable nature que dans quotidien dans lequel évoluent, chacun développant thématique propre. Pour eux, sujet en vaut un autre, ce qui compte, davantage vision et recherche picturale de celui qui peint. Démarche impressionniste visant à représenter réalité environnante pertinente qu'à un moment et sous conditions données. Exécution tableau rapide, proche de esquisse. S'agit peinture d'un instant, impression fugitive.

         

        Sujets contemporains et mauvaise réception

        20. Sisley, le moulin à moret, 1883Impressionnisme forme réalisme ou naturisme. Mais réalisme, naturisme, qui ont ahuri société bourgeoise persuadée que peinture officielle rendait exactement compte réalité, nature de la connaissance desquelles elle se croyait aussi assurée que de toutes ses autres connaissances, c'est-à-dire de toutes ses autres possessions.

        De celles-ci, artistes patentés fournissaient intelligence immédiate. Faisaient objets représentables, dessinaient contours, les définissaient. Or, dès première manif, 1874, jeunes artistes subversifs présentent « impressions ». N'a qu'en faire. Et horrifiée par artistes qui absorbaient objets dans chatoyante magie en se réclamant pour cela des lois spécifiques de la lumière.

         

         

         

        Sujets quotidiens et célébration de la modernité

        Impressionnisme aussi peinture vie quoti avec boulevards, cafés, divertissements parisiens cô danse, opéra ou champs. Plaisirs de l’eau figurent aussi parmi sujets impressionnistes : baigneurs et baigneuses peints plusieurs reprises par Cézanne ou Renoir; canotiers au bord des fleuves surtout représentés par Caillebotte ou Renoir avec son Déjeuner des Canotiers. Retrouve dans peinture hauts-lieux vie contemp, telle gare. Selon Zola, impressionnistes «peignent leur époque en hommes qui la vivent en eux, qui la possèdent»; ils peignent société dans toute sa vérité. Mélange des catégories sociales: trouve aussi bien type social promeneur bourgeois que ouvrier, alcoolique ou danseuse de cabaret… Les peintres choisissent pas, peignent totalité de vie moderne, telle qu’elle s’offre à eux.

        22. renoir-bal-au-moulin-de-la-galette-1876

         

        Conclusion

        Contrairement à ce qu'a pu dire Cézanne sur ses anciens collègues impressionniste, cet art est tout de même porteur d'une grande nouveauté. Ces peintres ont su oser de nouvelles techniques, de nouveaux sujets, et surtout une nouvelle manière de penser l'art. En ce sens, on comprend mieux pourquoi ils servent de point de départ traditionnel à l'art moderne. Cependant, tout de même une continuité pcq reste art d'apparence. Aucune interprétation. Même si montre vision particulière du peintre, manière de saisir son environnement, c'est juste une reproduction du paysage, ac technique spé de la lumière et des couleurs.

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